Ekphraser
Nouvelles poétiques de l'ekphrasis en déconstruction
Dans la perspective de la déconstruction, l’oeuvre d’art n’est pas définie par sa forme, ses propriétés matérielles ou son contexte, ni même par la perception ou l’expérience esthétique qu’elle induit. Cette approche l’interroge plutôt à partir de sa non-identité, de sa provenance sans origine, de sa différance toujours en mouvement. Cet ouvrage s’intéresse aux enjeux esthétiques, philosophiques et éthiques engagés par l’oeuvre d’art pour ces philosophes et écrivaines – Jacques Derrida, Hélène Cixous, Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe, Sarah Kofman, Georges Didi-Huberman –, en mettant en relief leurs axiomes les plus inventifs dans un domaine qui ne fut jamais confiné pour eux dans la désignation ancienne des « beaux-arts », mais le lieu d’une véritable pensée, d’un « penser voir » autrement.
Remettant en question les notions de visibilité, de représentation, de forme, de figure ou encore de cadre, les réflexions de ces penseurs entraînent une autre manière de parler de l’oeuvre d’art, de la décrire et de la commenter. Renonçant à la maîtrise du discours philosophique traditionnel, ces nouvelles poétiques de l’ekphrasis soulignent l’importance du langage à l’oeuvre au sein des arts et donnent lieu à des transcriptions où il s’agit bien moins, au contact de l’oeuvre d’art, de description que de performativité, d’affect et d’intensification créant un véritable événement d’écriture. Ekphraser le regard, c’est inventer un phrasé qui prend la mesure de son impouvoir devant l’oeuvre d’art (Didi-Huberman) et ouvre l’espace d’une rencontre imprévisible.
À la croisée de la littérature, de la philosophie et de l’esthétique, cet essai réunit des penseurs et des théoriciennes dans un dialogue résolument interdisciplinaire, tout en se penchant sur la différence à l’oeuvre entre les arts convoqués ici, du dessin à la danse, en passant par la peinture, la photographie et le cinéma. La seconde partie de l’ouvrage poursuit cette exploration de l’ekphrasis depuis l’autre versant de l’oeuvre d’art, à partir des oeuvres d’artistes québécois contemporains (Edmund Alleyn, Marc Garneau, Isabelle Leduc, Julie Ouellet, Françoise Sullivan) qui la réfléchissent depuis leur médium propre.
Ginette Michaud est professeure émérite au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Auteure de plusieurs essais consacrés aux oeuvres de Jacques Derrida, Hélène Cixous, Jean-Luc Nancy et Sarah Kofman, elle est membre depuis 2005 du comité international responsable de l’édition des séminaires de Derrida.
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ISBN : 978-2-7606-4623-0
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